Mon Voisin des Docks a participé mercredi 8 novembre à la restitution de l'étude relative à la problématique des odeurs, commandée par le Syctom à la suite de nos remontées d'informations et des nombreux échanges entre l'association et le Syctom depuis 1,5 ans. A la suite de la présentation des recommandations du bureau d'études, le Syctom a annoncé le lancement de travaux visant à mettre en oeuvre des solutions avant l'été 2018.

En quoi consistait cette étude ?

L'étude avait pour objectif d'identifier l'origine des désagréments, ainsi que de proposer des leviers d'actions et de prédire et quantifier des effets.
Dans un premier temps, l’étude, réalisée par Egis Environnement, a consisté à réaliser des mesures olfactives très détaillées (selon la norme 13.725, la plus exigeante) en quelques points stratégiques du site. Une deuxième série de mesures moins poussées (norme 43.103) mais plus nombreuses, a été réalisée cette fois en 178 points du site. Une troisième série de mesures a été menée dans le voisinage du site en une trentaine de points sur une zone allant du parvis à l’Ile-Saint-Denis, en passant par le Grand Parc. Enfin, sur la base des conclusions issues des mesures, une simulation numérique de modélisation des flux d’air au sein du hall de déversement du site a été réalisée.

D’où viennent les odeurs ?

Conformément à ce qu’on pouvait imaginer, l’ensemble des mesures olfactives met en évidence que le problème des odeurs trouve sa source dans le hall de réception des déchets. L’hypothèse des camions comme source non négligeable est elle écartée car sur les deux dernières années, c’est très souvent le week-end, en l’absence de camions, que les problèmes d’odeurs se manifestent. Enfin, les odeurs ne proviennent pas non plus des fumées de la cheminée. En effet, de par la hauteur de la cheminée, la vitesse, la composition et la température du panache, les particules émises n’affectent pas en pratique le quartier.

L’incinérateur nécessite pour son fonctionnement (incinération des déchets) une aspiration de 360 000 m3 par heure. L’aspiration de l'air à l'intérieur ne suffit pourtant pas à éviter que les odeurs ne s'échappent de l'usine. Pourquoi ?

Le hall de déversement est très ouvert : les deux accès de 75 m2 (beaucoup plus que nécessaire !) pour les entrées et les sorties des camions sont totalement ouverts en continu (les portes conçues à l'origine étaient très lourdes et peu maniables et n'ont fonctionné que quelques mois), tout comme les ouïes (fenêtres). L’ensemble de ces ouvertures sont importantes pour l’aération naturelle du site, mais rendent totalement inefficace l’aspiration de l’incinérateur. Pour retenir les odeurs, il faudrait en effet que la vitesse de flux d’air par ces ouvertures soit d’au moins 0,5 m par seconde vers l’intérieur, alors qu’elle est aujourd’hui bien inférieure (mesure par observation du déplacement de fumigènes). Le hall actuel est donc trop ouvert pour permettre une aspiration efficace. Il faut donc réduire l’ensemble de ces ouvertures pour assurer une dépression suffisante du site et ainsi éviter que les odeurs ne s'en échappent.

De plus, il existe de part et d’autre du hall de déchargement deux escaliers ouverts. Le résultat le plus important de l’étude d'Egis Environnement - car le moins prévisible – est issu de la modélisation des flux d’air au sein du hall : même si les ouvertures du hall (portes d’accès camions et ouïes) étaient nettement réduites, l’aspiration resterait inefficace car alors l’air aspiré proviendrait directement de l’extérieur en passant par les deux cages d’escaliers latérales au lieu d’être aspiré dans le hall. Sans la couverture des escaliers extérieurs, la réduction des ouvertures du hall ne changera donc rien à l’aspiration trop faible de l’air du hall de déversement.

Quelles sont les préconisations d'Egis Environnement?

  1. Couvrir et isoler en termes de flux d’air les deux cages d’escaliers latérales au hall de déversement
  2. Réduire la taille des accès camions ainsi que des fenêtres
  3. Installer des portes pour les accès des camions.
  4. Asservir ces portes de manière à ce qu’elles ne soient jamais ouvertes simultanément et ainsi éviter les effets courants d’air.

Face à ces recommandations, que prévoit le Syctom concernant les problèmes d’odeurs, notamment dans le cadre du chantier de rénovation qui s'engage?


Le Syctom avait anticipé et intégré trois des quatre propositions d'Egis dans son cahier des charges de rénovation de son site : la réduction des fenêtres et des accès camions et ainsi que l’installation de portes asservies.
Suite à l’étude, il prévoit en outre de :
- réduire encore plus que prévu les fenêtres du hall (dépasser les 50 % prévus initialement). Il n’est cependant pas possible de fermer totalement les fenêtres pour des raisons de prise au vent d’une part (stabilité du site en cas de tempêtes) mais aussi pour assurer une ventilation minimale du site pour les personnels qui y travaillent.
- concernant la recommandation de couverture et d’isolement des cages d’escaliers latérales, une délibération est prévue au conseil du Syctom de décembre 2017 en vue d'engager les travaux correspondants (montant estimé à 300 000 euros)

La rénovation du Syctom est planifiée sur plusieurs années. Quand auront lieu les travaux concernant les odeurs ?

Conscient des nuisances occasionnées dans le quartier, le Syctom a exprimé sa volonté de réaliser l’aménagement des deux cages d’escaliers avant l’été 2018 afin de permettre au dispositif d’aspiration d'être efficace. Concernant la gestion des ouvertures du hall (fenêtres et accès camions) le planning initial plaçait ces travaux en fin de rénovation (2019 environ). Cependant, à la suite de l’étude d’Egis, le Syctom souhaite mener ces réalisation le plus tôt possible, ce qui implique une réorganisation du chantier.

Est-il envisagé une modification de la gestion de la fosse ?

Compte tenu des flux hebdomadaires imposés des camions (beaucoup de déchets en début de semaine et peu le week-end), il semble difficilement envisageable de modifier l’organisation de la gestion de la fosse au quotidien. Pour autant, pour la première fois et suite à la réunion de juillet 2017 avec l'association, un curage complet de la fosse a été réalisé en septembre 2017 et permet probablement de réduire l'intensité des odeurs. Cette opération est rendue difficile techniquement du fait de l’étroitesse de la fosse. De plus, la fosse étant un immense bloc de béton, il n’est pas envisageable de l’élargir et aucune modification n’est prévue lors de la rénovation. Il sera important qu'un nettoyage complet de la fosse de manière régulière puisse être mené.

L'évolution des travaux de rénovation ainsi que l'engagement d'un chantier supplémentaire pour tenir compte des recommandations de l'étude, en vue de réalisations concrètes avant l'été 2018 constituent de très bonnes nouvelles pour tous les usagers du quartier, habitants, actifs, utilisateurs du parc comme promeneurs. Nous remercions vivement l'équipe du Syctom pour leur disponibilité et leur écoute, ainsi que pour leur réactivité afin de mettre en oeuvre les solutions nécessaires. Nous continuerons d'échanger avec elle au fur et à mesure de l'avancement du chantier.