Ce dimanche 16 septembre à Paris, de 11h à 18h, c’est la journée « sans voiture » #mobilityweek. L’occasion de parcourir la capitale à pied, à roller ou à vélo... et de rêver d’une autre ville !

Comment se passer d’une voiture au quotidien pour faire ses courses, aller au jardin, transporter nos enfants, nos meubles, nos animaux ? 

Et si demain la majorité d’entre nous adoptait le vélo utilitaire comme véhicule familial, biporteur ou triporteur, avec ou sans assistance électrique, équipé d’une remorque ou conçu en vélo cargo ? Si les plombiers venaient nous dépanner à vélo ? Si on pouvait rentrer d’une soirée arrosée en vélo-taxi ?

A Saint Ouen où la voiture est toute puissante, nous misons aujourd’hui sur les vélos cargo et leurs amis utilitaires (dotés de gros porte-bagages, sièges enfants, carrioles et autres remorques) pour changer la donne tant leurs qualités sont vertueuses.

Des vélos cargo se faufilent déjà dans nos rues, chargés d’enfants, d’articles lourds ou volumineux. Le dernier km devient un jeu d’enfant... avec 200 kg de charge à bord ! 
Les pilotes s’appellent Cédric, Christophe, Estelle, Nicolas, Pascal, Raoul,  Xavier, Zahia, Marie, Pierre…

Pourquoi utilisent-ils ces OVNI, Objets Vélos Non Identifiés, ces véhicules d’extra-terrestre, dans notre ville grand parisienne saturée de moteurs à explosion et de travaux qui font bouchonner les voitures et camionnettes ?
Comment font-ils sans voiture ? Est-ce une mode ?
Pourquoi sont-ils aussi amoureux de leurs brouettes de luxe ?

D’ailleurs à quoi ressemblent ces nouveaux vélos, venus d’Europe du Nord, qui séduisent de plus en plus les familles ? Un caisson à l’avant avec un centre de gravité plus bas, une capote pour protéger les enfants de la pluie, à deux roues pour la conduite sportive, à 3 roues pour plus de stabilité à basse vitesse ou pour un plus grand volume de chargement....

Christophe traversant le parvis des Docks au mois de juin avec femme et enfant dans sa charrette est une publicité vivante pour les transports doux. Sa balade en cargo donnerait des airs de riviera à n’importe quel paysage urbain.
Notre Raoul, lui, la joue militante façon « maker », avec son cargo déjà de collection. En recyclant le cadre d’un vélo de la poste, après 6 mois de bricolage, Raoul a créé son « Road Sheperd » clin d’œil à l’association Sea Sheperd… Tout un monde mêlant utilité, légende et Saint-Ouen en transition.
Pour le quotidien des familles, le vélo cargo a déjà conquis son public. Les voir passer dans nos rues, c’est aussi une expérience agréable pour le promeneur audonien et pour l’ambiance de la ville.
Ainsi Estelle avec son « cargo à filles » où les 3 enfants sont lovées dans l’habitacle. Elle a consacré la prime de naissance de ses filles à l’achat du super cargo familial. Hiver comme été ses enfants sont au chaud dans ce « monospace écologique » qui préfigure la ville de demain.
Pascal est un fan de Copenhague et de l’inspiration cargo qui vient du nord. Tout orange, son cargo lui sert tous les jours pour aller travailler et transporter ses 2 garçons à l’école.
Tous vélos confondus, le vélo c’est en France moins de 3% des déplacements contre 26% aux Pays Bas, 19% au Danemark…(combien à Saint Ouen ?)
Zahia utilise le cargo familial pour véhiculer ses deux fils porteurs d’un handicap. Elle aime les voir sourire au fil des promenades et cherche à développer un service de vélo-taxi partagé avec les écoles ou d’autres familles concernées par le handicap.
Pour nos amis musiciens, ces vélos sont bien pratiques. Cédric va au travail avec et s’empresse de nous parler des balades avec son fils et son violoncelle confortablement installés dans le caisson de son cargo blanc.
Nicolas, ancien motard, nous explique que ce vélo a changé sa vie : il transporte les enfants, du matériel de musique, ses courses du supermarché et…ses ami(e)s pour les ramener de soirées !

Dans nos associations aussi, le virus se répand.
EducEcolo et Mon Voisin des Docks sont à l’initiative du collectif SO‘Cargo suivi par une dizaine d’associations souhaitant utiliser le vélo cargo comme ambassadeur de la ville nouvelle et de sa nécessaire transition vers des mobilités moins polluantes, meilleures pour la santé, plus conviviales. 

Grâce au soutient de Plaine Commune, un premier vélo SO’Cargo circulera bientôt dans les différents quartiers de la ville. Gardez l’œil ouvert : un vélo cargo est toujours porteur de bonnes nouvelles !
Marie de l’agence pour la rénovation urbaine (ANRU) nous montre sa remorque intelligente, une très belle boîte « bureau mobile » bleu ciel, créée sur mesure par un designer et réalisée par l’Atelier Solidaire. Elle est tirée par un vélo standard, pour faire la promotion des quartiers en transition : Cordon, vieux Saint Ouen, île Saint Denis… à quelques mètres du futur village olympique. 
Les cargos ont rendez-vous avec le nouveau Saint Ouen !

L’Atelier Solidaire, où l’on apprend entre autre à réparer et entretenir soi-même sa monture, nous propose de mettre les mains dans le cambouis et d’aménager nos vélos à moindre frais pour le transport de charge. Un caisson avant, une remorque, un siège aménagé... Un vélo-cargo construit par l’atelier est utilisé pour de nombreuses activités : fablab’ nomade, déménagement, « grainothèque », compostage, etc.

De nouvelles entreprises voient le jour. On les surnomme les « boites à vélo ». 
Peut-être avez-vous déjà croisé Pierre de Cyclofix, une entreprise de réparation vélo à domicile. En cas de panne, sur simple coup de fil, Pierre vient vous dépanner où que vous soyez avec son magnifique cargo jaune rempli de roues, chambres à air et divers outils... 
Les animateurs de l’Ehpad Chemin Vert aimeraient bien que l’on développe à Saint-Ouen un service de vélo-taxi pour les seniors, qu’ils retrouvent le plaisir des balades « cheveux au vent ».
A quand les stations de vélo-taxi à Mains d’œuvres, au MOB ou pour se balader sur l’île Saint-Denis ? Faut-il attendre que viennent à nous les porteurs de projets JO 2024 ?

Les experts promettent à ces « brouettes de luxe » un avenir radieux, puisqu’elles « s’attaquent aux cas où une voiture paraît indispensable !!! » tout en échappant aux bouchons, aux problèmes de stationnement et aux possibles restrictions de circulation.

Les professionnels de la logistique du dernier km ne s’y sont pas trompés : DHL, la Poste… La grande distribution s’y met aussi pour les livraisons. Le BHV affiche en magasin la photo de son superbe vélo-camion de livraison, bon pour son image de marque, synonyme de coolitude auprès des urbains branchés. A Saint-Ouen, Carrefour innove avec son vélo de livraison, gage d’un service plus écologique. Notre nouveau Leroy Merlin aura lui aussi on l’espère son vélo de livraison à destination des riverains.
Pour les particuliers, la ville de Strasbourg a eu la bonne idée d’acquérir une première flotte de 10 vélos cargo, biporteurs et triporteurs, qu’ils proposent en location en complément des vélos standard. A Boulogne-Billancourt, c’est l’entrepreneur Michel & Augustin qui, dès 2014, propose aux boulonnais l’achat groupé de 100 triporteurs Nihola à prix cassé (1500 au lieu de 2620€) avec l’ambition de faire de Boulogne la capitale du triporteur !
Dans les entreprises, l’avantage d’avoir des salariés qui viennent à vélo ne tient pas à la fiscalité mais à la santé, physique et mentale. Les bienfaits de quelques coups de pédale quotidiens sont connus : bouclier contre le diabète et l’hypertension, rempart contre la dépression… 
En 2015, une étude du MEDEF a montré qu’une entreprise qui encourage ses salariés à pratiquer une activité physique (au hasard le vélo) peut enregistrer des gains de productivité de l’ordre de 2,5% à 9,1%... Bon allez, ne boudons pas notre plaisir, même pour nous c’est tout bénéf !

Et vous, votre voiture est-elle indispensable ?
Dans les grandes villes et pour la plupart de nos usages, le vélo utilitaire transporte autant qu’une voiture, va plus vite, est plus facile à garer.
Budget voiture (source INSEE) : 6 000 € par an. Sachant qu’une voiture reste plus de 85% du temps au garage !
Budget vélo cargo : à partir de 1 600€ à l’achat (3 500€ en moyenne pour un modèle à assistance électrique), 100€ à 200€ d’entretien par an, pas d’essence, pas de parking…

Qu’allez vous faire de toutes ces économies ?
Pour certains entrepreneurs à vélo (coursiers, plombiers, restaurateurs, taxi, etc.) comme pour les particuliers, il faudra des services de réparation, lieux tampons pour la logistique, des parkings avec bornes de recharge… Voilà une mission d’intérêt général pour la nouvelle Centrale de mobilité hébergée par le Parking de la Halle ! La ville pourrait ainsi soutenir une mobilité moins polluante et favoriser l’émergence de nouvelles activités économiques plus locales et vertueuses.

Qu’il soit familial, associatif ou professionnel, chaque vélo cargo inspire la ville et lui donne doucement mais surement une allure durable, oxygénée, pacifiée, souriante, entreprenante… 
A condition de pouvoir valoriser ces pratiques et repenser la mobilité en ville avec des itinéraires de circulation pacifiée, des parkings pour les vélos, des événements, de la pédagogie…
Et pourquoi pas bientôt une police municipale à vélo ?

Pour tous ceux que le sujet intéresse ou qui souhaiteraient rejoindre le collectif SO’ Cargo, n’hésitez pas à contacter Philippe Thiévenaz ou Christel Broussous via MVD.
Pour Saint-Ouen, les infos circulent notamment sur les pages FB « Saint-Ouen environnement » et « Vélo à Saint-Ouen », via les sites web et les newsletter d’Atelier Solidaire, d’EducEcolo& Co.

Un grand merci à tous les audoniens en cargo qui nous ont permis d’illustrer cette enquête !

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