On y apprend pas forcément grand chose si ce n'est la novlang employée par la CPCU et son DG Marc Barrier. Au passage il ne parle pas de notre petite DSP (Aequa) à nous qui rend les choses encore un peu plus chères.
Chauffage urbain : Marc Barrier décrit les nouveaux outils de pilotage de CPCU
75Energie
30 août 2017
Bien doser le mix énergétique pour que les ENR restent majoritaires sans faire exploser les coûts et améliorer l’efficacité énergétique : tels sont les objectifs assignés aux nouveaux outils de prévision et simulation que la Compagnie parisienne de chauffage urbain (CPCU) met en place pour la saison de chauffe 2017-2018.
Le premier réseau de chaleur de France poursuit sa mutation. La Compagnie parisienne de chauffage urbain (CPCU), entreprise publique locale dont Engie énergie services est actionnaire à 64,39 %, répond aux besoins de chauffage et d’eau chaude de 500 000 équivalents logements à Paris et dans 16 autres communes. En 2016, CPCU a atteint l’objectif, fixé par la ville de Paris dans un avenant de 2012, de franchir le seuil de 50 % d’énergies renouvelables et de récupération (ENR&R) dans son mix énergétique grâce à la transformation de son site de production de chaleur de Saint-Ouen où le charbon a été remplacé pour moitié par des granulés de bois.
Désormais, la chaleur récupérée de l’incinération des déchets du Syctom représente 40 % du mix énergétique, le bois 10 %, le biocarburant Diester 1 %, tandis que la part du charbon a été réduite à 15 % et que celle du gaz et de la cogénération se maintient à 34 %. Toutes les chaufferies fioul ont, elles, disparu au profit du gaz fin 2015.
Accroître l’efficacité énergétique
Prochaine étape : « gagner cinq points d’efficacité énergétique dans les prochaines années, pour passer de 70 à 75 % », annonce Marc Barrier, directeur général de CPCU. Des travaux, notamment d’isolation, sont prévus pour réduire les pertes. Chaque année, CPCU consacre 30 millions d’euros à l’entretien de ses réseaux et installations. Un plan d’actions a été établi. Mais la conduite par « outils de simulation » devrait également permettre d’atteindre cet objectif en permettant d’anticiper et d’optimiser la gestion du réseau en fonction des besoins.
« CPCU veut gagner cinq points d’efficacité énergétique dans les prochaines années », annonce son directeur général, Marc Barrier. ©JGP
Algorithmes, calcul et big data… Les données météorologiques, celles concernant l’arrêt de certains tronçons et, dans un second temps, les données des capteurs des clients, vont nourrir un nouveau logiciel de prévision plus précis. Parallèlement, un logiciel de modélisation établira des cartes de conduite (cadre idéal) pour toute la saison. Ces outils, opérationnels pour la saison de chauffe 2017-2018, faciliteront la tâche du centre de dispatching qui, 7j/7 et 24h/24, assure la coordination entre les 11 sites de production et la distribution de chaleur, afin d’éviter toute baisse de pression dans le réseau. Ses opérateurs jonglent en continue avec des données aussi diverses qu’une subite baisse de température (après une averse…), une avarie sur un tronçon, et le respect des proportions cibles du mix énergétique sur une année.
Il s’agit, certes, de dépasser le seuil de 50 % d’ENR, mais sans faire exploser les coûts. Car si, l’été, la chaleur dégagée par l’incinération des déchets du Syctom suffit à alimenter le réseau, l’hiver, compléter cet apport devient nécessaire. Or le bois coûte deux fois plus cher que le charbon. Et les huiles végétales (Diester), cinq fois plus.
Concurrence du gaz
CPCU se présente aujourd’hui en « acteur majeur de la transition énergétique » du territoire. Le verdissement de son mix énergétique a permis de réduire ses émissions de CO2 de de 300 000 t par an, soit l’équivalent des émissions annuelles de 150 000 véhicules. Des projets de géothermie sont développés, comme aux Batignolles, porte d’Aubervilliers et bientôt à Ivry. Des systèmes de récupération de chaleur sur le réseau d’assainissement sont mis en place (notamment pour la ZAC Sainte-Geneviève à Nanterre (Hauts-de-Seine)), et porte de la Chapelle, un datacenter de la ville de Paris doit contribuer à chauffer 1 000 logements via une boucle locale.
Chaque année, CPCU consacre 30 millions d’euros à l’entretien de ses réseaux et installations. © Jgp
Mais « quand une nouvelle ZAC se crée, le gaz, dont le prix est actuellement très bas, est aujourd’hui notre plus grand concurrent », note Marc Barrier. La décision d’un éventuel raccordement au réseau CPCU est ainsi attendue prochainement pour la ZAC Saint-Vincent de Paul (14e arr.), puis pour la future ZAC Bercy-Charenton (12e arr.). Parallèlement, la stratégie de production pour atteindre 60 % d’ENR, objectif annoncé dans le contrat de mandature d’Anne Hidalgo, pourrait faire l’objet d’une décision dans les deux ans. Dans tous les cas, le délégataire, dont le contrat actuel s’achève en 2024, aura à cœur de satisfaire la collectivité. La prochaine concession pour 20 ans, d’un montant de près de huit milliards d’euros, devrait aiguiser les appétits de tous ses concurrents.